A. En route ! (Alice, Melkan, Stoïan)

L'homme ne regarde que Stoïan, que seul il reconnait comme chef. Il serre sa main contre le manche de son poignard accroché à sa ceinture de cuir, seul signe extérieur de sa détermination et de sa colère intérieure.

Je soupire légèrement, me tournant alors vers Stoïan:

à : - Dites le lui voyons...nous ne pouvons nous permettre qu'il lui arrive aussi quelque chose.

Scrutant Melkan et Vedel du regard, Stoîan finit par soupirer en baissant les épaules. Il fait signe à Vedel de s'approcher.
Il glisse à voix basse à Alice et Malkan :

à - Ne pas le laisser venir serait l'insulter gravement. Je tenterai de le protéger.

Lorsque Vedel arrive à sa hauteur, Stoïan lui donne quelques instructions dans cette langue étrange.

J'acquiesce docilement à l'observation de Stoïan mais une fois Vedel à notre hauteur je détourne mon regard craignant les reproches, que je sais mérités, du père de la petite Sara.

Vedel acquiesce gravement alors que le reste de la troupe reprend sa route dans un triste silence, suivant les indications de Stoïan. Vedel reste donc à vos côtés, droit et fier, le visage impénétrable. Seul son regard de feu, toujours, témoigne de sa détermination et de sa flamboyante colère.

Bientôt les roulottes disparaissent au détour d'un chemin ; vous êtes seuls. En hauteur, à quelques centaines de mètres de distance, les lueurs de la tour au-dessus du tertre semblent vous narguer.

- Quelque chose me dit que c'est cette tour où nous retrouverons Sara. Mais je n'ai pas envie d'y entrer par la porte...

Je garde le regard fixé sur la tour.

- Je n'ai aucune expérience dans le domaine des attaques surprise, je ferais ce que tu jugeras le meilleur.

- Il va tout de même falloir trouver un moyen d'entrer: qu'on passe par la porte ou pas...il faut retrouver Sara, alors au diable les mauvais pressentiments et les superstitions.

Je croise les bras, et j'attends les instructions de Stoïan. Une porte est déjà un obstacle à ma grande taille, je prie donc pour qu'il ne suggère pas de passer par les fenêtres...

Je commence déjà à me diriger vers la tour, sans attendre les autres. Prendre notre temps est un luxe que nous ne pouvons nous offrir.

[Vous y allez comment : sur la route en chariote ? Vous coupez à travers bois et laissez la chariote ici ?]

On coupe à travers bois sans chariot.

Ce choix dans l'approche vous permet de gagner du temps, coupant directement vers la tour. Même si votre rythme est un peu ralentie par la longue robe d'Alice qui se prend facilement dans les ronces, vous avancez sans trop de difficulté et sans souci notoire jusqu'à l'orée du bois, vous faisant arriver au sud-est de votre objectif.

Entre deux et trois cent mètres vous séparent de la tour, deux ou trois cent mètres de terrain déboisé, à découvert sur la lune pâle mais éclatante. Au bout de ce passage à découvert, vous voyez d'abord une palissade de bois gardée par des archers à chaque porte - pour l'instant vous en voyez une au sud, et devinez celle à l'est. A l'intérieur de l'enceinte, vous voyez s'élever, bien au-dessus, une tour de bois à plusieurs étages. Au dernier, juste sous le toit, vous pouvez deviner des archers dans la pénombre. Juste au-dessous d'eux, des fenêtres vous laissent deviner des ombres mouvantes. Les autres étages ne révèlent aucun signe de vie.

La nuit est calme, simplement perturbé par le ululement d'une chouette à votre gauche et par le bruit du vent léger dans les feuilles. Une jolie nuit d'automne, un peu fraiche, qui sera baignée de brume un peu avant l'aube. Une nuit où on pense à tout sauf au meurtre et à la vengeance... normalement.

Je regarde la tour puis évalue la distance nous séparant d'elle avant de me tourner vers Stoïan.

- Peut-être pouvez vous couvrir ce terrain du même brouillard que vous avez utilisé lors de l'attaque des vikings. Cela nous permettrez de rejoindre la tour sans nous soucier des archers.

Après avoir émis cette hypothèse je redirige mon regard vers la fenêtre éclairée.

- Bonne idée.

Il se concentre et tente de faire apparaître une brume qui puisse paraître naturelle, rampant de leur secteur à la porte.

Vous voyez tous la brume monter des bois pour s'installer dans la plaine, une brume épaisse, semble-t-il, et pourtant dénuée d'humidité... Ce qui vous trouble quelque peu, même pour Alice qui sait qu'il ne s'agit que d'une illusion. Pour Melkan qui n'en sait rien et qui ignore de quelle sorte de pouvoir il s'agit, cela te met carrément mal à l'aise.

En haut du mur d'enceinte cependant, et en haut de la tour, des torches s'allument. Mais Stoïan sait que cela ne les fera pas voir à 20 mètres...

**Moi qui trouvait déjà ce Stoïan étrange...**

Je me dis que même avec la brume, il faut être discret. Et maintenant ? Quel allait être le plan d'attaque ?

- Une autre idée brillante à suggérer pour entrer ? Je doute que la brume n'ouvre les portes pour nous....

Je ne sais pas si c'est la situation pressante dans laquelle nous nous trouvons ou quelque chose d'autre mais la remarque du sire Melkan blessant quelque peu mon orgueil me pousse à lui répondre sur un ton plus sec que je ne l'aurais souhaité.

- Il me semble qu'il nous sera toujours plus aisé d'ouvrir cette porte sans avoir à nous soucier des flèches pointées sur nous, après pour ce qui est des brillantes idées pour entrer vous n'êtes pas dispenser de nous donner les vôtres.

Je marque une pause avant de reprendre faisant comme si je reprenais mon souffle.

- Cela dit, je ne pense pas que nous ayons le temps de discuter tactique, je ne connais aucune de vos spéciales aptitudes mais nous nous déplaçons tous assez rapidement pour ne pas nous faire remarquer dans cette brume, du moins il me semble.

- Dans ce cas...

J'approche rapidement, de manière à pouvoir me plaquer contre le mur d'enceinte, histoire que les sentinelles ne me remarquent pas.

Alice et Stoïan voient disparaitre rapidement Melkan dans la brume...

Melkan arrive sans souci contre la palissade rêche, dans cette brume sèche qu'il ne peut empêcher de trouver inquiétante. Au-dessus de lui, il semble qu'on s'inquiète pareillement, s'il en croit les murmures étouffés...

Je me tourne vivement vers Stoïan juste après la disparition de Melkan.

- J'espère n'avoir pas été trop dure avec lui ! Je vais le rejoindre mais je ne sais comment faire pour Vedel... Avec votre accord Stoïan, nous irons déjà à deux dans la tour. En vous attendant nous irons à la rencontre de cette femme et si nous n'arrivons pas à l'arrêter du moins nous mettrons Sara à l'abri.

J'attends que Stoïan acquiesce avant de partir au cas où il voudrait corriger ce que je prévoyais de faire.

- Allez. Vedel et moi restons pour le moment au pied de la muraille, cela me permettra de maintenir la brume. Souhaitez-vous une échelle pour passer la muraille ?

Vedel émet un reniflement méprisant mais ne dit mot. Sans doute ne comprend-il pas pourquoi Stoïan laisse aller ces eux gadji, mais ne dit rien.

Alice franchit donc sans souci les mètres couverts de brume qui la séparent de Melkan et tous deux se retrouvent près de la porte fermée et surveillée.

Je souris lorsque je vois Alice émerger de la brume. Lorsqu'elle est à coté de moi, je lui dis en souriant et en chuchotant:

- Bonjour dame Alice, il y avait si longtemps !

J'essaye d'évaluer la hauteur de la muraille: si je peux faire la courte échelle à Alice pour qu'elle puisse passer de l'autre coté et pourquoi pas, nous ouvrir la porte, cela me parait une solution envisageable...

Mais mon instinct me dit que si nous ne nous dépêchons pas, nous n'allons pas récupérer grand chose de Sara: peut être que la porte est assez fragile pour que je puisse la défoncer d'un coup d'épaule bien placé...