A. En route ! (Alice, Melkan, Stoïan)

Alors que plus rien ne bouge, Vedel souvent entame un mouvement, il se redresse, portant la petite fille dans ses bras.

- Elle est vivante, dit-il simplement, peut-être sans trop savoir à qui.

Il quitte la tour sous les yeux des deux vampires encore actifs, et le bruit de ses pas qui crissent sur la terre battue est le seul bruit que vous entendez, couvert quelquefois par le ululement d'un oiseau de nuit.

Un poids énorme s'enlève de ma poitrine. Je m'élance vers l'escalier à grands pas pour rejoindre Vedel au plus vite, des volutes d'une brume dense se développant autour de moi.

Je relève la tête en entendant ces mots réconfortants, je jette un regard vers la petite fille reposant dans les bras de son père. Je les regarde sans oser m'en approcher puis, tout de même soulagée d'un poids conséquent, je commence à chercher le sire Melkan que j'avais laissé derrière moi quelques minutes avant.
En me redressant je ramasse la dague jurant en mon for que je ferais payer à cette femme ce qu'elle a fait à la petite Sara si un jour je devais la croiser de nouveau.

Stoïan descend donc les escaliers et s'empresse de recouvrir, encore une fois, le terrain de brume. Mais avant qu'il ne parvienne à ses fins Alice n'a aucune peine à retrouver le corps immense de Melkan, corps plus qu'abîmé. Les trois flèches qui sortent de son torse ne sont rien, ce qui choque affreusement Alice est le visage du Gangrel. Est-ce encore un visage ? Décharné, parcheminé, plus vert que blanc, les traits tirés comme si toute vie lui avait été ôtée, les narines pincées et les lèvres absentes, il a toutes les apparences du cadavre qu'au fond vous êtes, et que vous cachez si bien. Petit bonus cependant : une large cavité, sur le côté droit de son crâne, laisse sortir une étrange substance, et permet de voir une sorte de bouillie faite de sang, d'os et d'une substance laiteuse et étrange...

Aucun souffle n'anime sa poitrine, son regard ouvert est fixé sur des étoiles qu'il n'atteindra jamais, immobile. Le sang ne s'échappe plus des blessures. Pour expliquer ce dernier phénomène, il y a une possibilité : peut-être le sang des vampires ne réagissent-il pas de la même manière que les vivants ? Ou bien... cette autre possibilité effleure l'esprit de la belle et douce Alice... ou bien peut-être est-il mort ? Pas comme elle l'est déjà, mais vraiment "mort" - comme Elena, comme Sidor...

Sans attendre, Stoïan rattrape Vendel et s'assure de l'état de Sara.

La gorge nouée je m'accroupis aux cotés de Melkan. Après l'avoir examiné de haut en bas plusieurs fois j'approche ma main tremblante du visage du gangrel et finis par effleurer celui-ci cherchant à provoquer une quelconque réaction minime fut-elle, mais autant ma voix que mon geste trahisse mon état d'esprit.
Je l'appelle doucement sur un ton effrayé.

- Sire Melkan ?...

@ Stoïan :

Vedel s'arrête. La pauvre enfant est pâle comme la mort, sa respiration est très lente. Si tu en crois les angles improbables de ses jambes, ces dernières sont brisées...


@ Alice :

Melkan ne réagit pas, son regard est fixe même si la brume de nouveau dense qui s'élève autour de vous l'empêche sûrement de continuer à contempler les étoiles.

Je cherche un instant Stoïan pour l'appeler à l'aide mais mon cri reste étouffé dans ma gorge, une seule chose me vient à l'esprit pour espérer voir Melkan de nouveau sur pied.
Hésitante je saisis la dague que j'ai gardé près de moi, un dernier regard vers le gangrel suffit à me faire reprendre le contrôle sur moi même, mon geste se fait assuré et même un peu gracieux. Je m'entaille le poignet et l'éloigne le plus de moi juste avant que le sang ne se mette à couler, puis doucement pose mon poignet ensanglanté sur la bouche du vampire.
Je ne peux m'empêcher de murmurer.

- Je vous en prie, réveillez vous...

Perplexe, je pose une main hésitante sur la tête de Sara.

Il faut la ramener à l'ancienne, Sara saura quoi faire. Merci, Vedel, ton aide a été précieuse. Allons. J'irai chercher les autres s'ils ne reviennent pas d'eux-même, de toutes façons nous ne risquons plus rien ici.

@ Alice :

Ton sang tombe d'abord goutte à goutte sur les lèvres de Melkan, qui fait bien peur à voir, entre enfin dans la bouche en fin filet tandis que tu fais pression sur ton entaille. Tu vois ses yeux se faire moins vitreux, sa peau s'hydrater légèrement : ton sang fait effet ! Mais combien de sang sera nécessaire pour le réveiller tout à fait ? Il te semble en avoir donné beaucoup déjà, tu sens la Bête en toi gronder et la faim se faire un peu plus pesante alors que Melkan se tourne enfin son visage vers toi...

@ Stoïan :

Tu sens dans le regard de Vedel qu'il n'est pas certain que la vieille Sara puisse soigner les jambes de sa fille. Cependant, ce n'est pas sur ce sujet qu'il intervient :

- En sécurité ? Nous ne savons où est passé le monstre de la tour. Ne risque-t-il pas de revenir ?

Je lui souris faiblement préoccupée à ne pas me laisser contrôler une nouvelle fois par la bête qui vit en moi, je ne retire cependant pas mon bras attendant avant cela au moins une réponse de la part de Melkan.

- Sire Melkan, m'entendez vous à présent ?

Je fais mon meilleur sourire de tueur à Vedel.

- M'étonnerais qu'on le revoie de sitôt. Et puis, je peux toujours lui faire la même frousse... De toutes façons, je te raccompagne, je t'assure qu'Alice et Melkan sauront prendre soin d'eux-même et nous rejoindre.

Il ne faudrait pas que je me laisse aller, mais le sang est si bon... je revois enfin le visage d'Alice et dans un effort de volonté, je repousse son bras. Il me faut un peu de temps avant d'ouvrir la bouche pour parler, ne sachant comment exprimer ma gratitude. Mes premiers mots après ce réveil lent sont:

- Avez-vous réussi ? Avez vous trouvé l'enfant ?

Je lui souris soulagée de le voir reprendre conscience mais mon sourire se fait un peu triste tout de même à l'évocation de Sara. Avant de répondre je ramène mon bras vers moi en prenant soin de refermer la plaie.

- Je ne sais pas si le terme réussi est vraiment approprié pour parler de ce sauvetage.

Je fais une légère pause avant de reprendre mimant de prendre une grande respiration pour me ressaisir.

- Toujours est-il que Sara est sauve maintenant, elle ne coure plus aucun danger mais son état physique lui a été très altéré... La vampire en tentant de s'enfuir par la fenêtre a emmené la petite avec elle mais ne l'a pas accompagné dans sa chute...

Je marque une deuxième pause et cette fois change de sujet.

- Sire Melkan, je suis désolée de vous avoir laissé derrière lorsque les gardes sont descendus. A cause de cela vous avez failli mourir...

Je baisse la tête honteusement.

Je relève délicatement la tête d'Alice avec ma main.

- C'était ma faute. Uniquement ma faute. J'ai trop présumé de mes forces, j'ai foncé tête baissé inconsciemment...

Je souris légèrement. Le premier vrai sourire que j'esquisse depuis ma nouvelle naissance. Puis je tente de me relever, il ne faudrait pas trop faire attendre Stoïan...

Je souris doucement à Melkan et le remercie de sa réponse silencieusement en inclinant légèrement la tête.
Quand je remarque qu'il essai de se relever je m'empresse de l'aider.

- Il est temps de rejoindre Stoïan, là-bas vous serez plus à même de soigner vos blessures.

Lorsqu'Alice parle de soigner mes blessures, quelque chose s'agite en moi. J'imagine que c'est la Bête. J'articule péniblement ces quelques mots:

- Il...serait préférable que je me nourrisse...vite...

Je le regarde déjà consciente de cela.

- Le problème est qu'après ces évènements je ne sais pas si l'un des humains de Stoïan acceptera de te sustenter et je ne crois pas qu'il reste un seul humain de la tour encore en vie... Retournons vite auprès de Stoïan nous aviserons une fois là-bas

- Non, attendez dame Alice...je vais...Je sais que ce n'est pas très propre...mais du sang, c'est du sang...

Je ferme les yeux et je me concentre...puis de ma bouche s'échappent des cris de cerfs. Il m'en faut une grande quantité, mais je ne doute pas de mes capacités...

[donc tant que stoian ne revient pas on ne retourne pas au camp ?]

Je le regarde sans rien dire, incertaine de ce qu'il se passe.

[Dans tous les cas le personnage ne compte pas revenir vous chercher, donc vous devrez y aller tous seuls comme des grands ]

Melkan rée, donc, mais guère puissamment, sans doute est-ce dû à la fatigue, la souffrance, la faim, qui le vrillent de toute part et l'affaiblissent. Un cerf vient, cependant. Le maintien fier, les branches hautes, le regard noble. Il se dirige, au pas, vers Melkan, devant lequel il s'incline. Le gangrel n'a qu'à le saisir au cou et absorber la vitae du noble animal. Alors que ce dernier peu à peu s'affaisse, Melkan, lui, laisse guérir ses plaies - celle de son crâne se referme à demi, la rendant moins éprouvante à regarder, la plaie due à la lame d'une épée, dans son dos, se referme complétement.

Le cerf git, mort, au pied de Melkan. Cela n'a pas suffit, et le sang est âcre dans la bouche du gangrel - surtout après celui d'Alice... C'est comme boire de l'eau croupie après avoir savouré le nectar des dieux. Quoiqu'il en soit, il lui faudra penser à retirer les flèches avant la prochaine cuvée.

Pour Alice, qui contemple la chute de l'animal et la guérison du vampire, le mot "parasite"' lui vient naturellement à l'esprit. En elle, quelque part, s'effondre le mythe du prédateur ultime qu'un vampire est sensé être.

Je fronce les sourcils cherchant à chasser cette pensée, je ne me permettrais pas de juger le sire Melkan qui fait ce qu'il peut pour guérir ses blessures, cependant en regardant le cadavre du cerf aux pied du gangrel je ne peux m'empêcher de trouver le spectacle un peu triste.
Je m'approche un peu plus prés de Melkan avant de lui adresser la paole.

- Combien de cerfs, pensez vous, seront nécessaire à votre rétablissement ?

Je pose cette question sans aucun préjugé et avec un peu de compassion dans la voix.

Je regarde Alice, m'essuyant le visage du sang qui le recouvre. Je me rends bien compte en lisant son visage que quelque chose la perturbe. La honte m'envahit: tuer un animal aussi noble que le cerf pour soigner les blessures que ma bêtise ont causées est un acte odieux...mais nécessaire. Je réponds calmement à Alice:

- Je suis désolé si le spectacle vous dérange...mais il va me falloir recommencer sur le champ...

Je prends un sourire qui se veut rassurant avant de répondre.

- Ne vous inquiétez pas pour moi, ce qui m'importe le plus c'est que vous vous remettiez de vos blessures.

Je tourne un instant le regard dans la direction que je suppose être celle des caravanes me demandant si la petite Sara avait enfin regagné les siens... et quelle avait été leurs réactions.