A. En route ! (Alice, Melkan, Stoïan)

Stoïan et Alice rejoignent Melkan aux portes nord de Tolosa.

[HRP pour Stoïan : je te laisse décrire le "convoi" ]

Dans le noir de la nuit on entend d'abord le cliquetis des sabots de chevaux, puis les grincements des roues en bois. Menés par un homme portant une lanterne d'une main et la bride d'un cheval tirant une roulotte de bois, toute une caravane, quatre roulottes se suivant l'une l'autre, approchent sans grand bruit. Hors les conducteurs sur le toit des roulottes, dans l'ombre, on ne voit pas grand monde : tout au plus un visage entraperçu par un rideau ballotant, à l'une des petites fenêtres.

Les roulotes avancent dans le nuit sans s'arrêter, mais lorsque la troisième arrive au niveau de Melkan, ce dernier entend un sifflement discret : sur le toit, Stoïan dirige le domicile mobile. Près de lui, une ombre se tient en retrait.
La roulotte avance à un train de sénateur, et des barreaux sont disponibles sur le flanc pour rejoindre le toit.

Melkan monte alors dans la troisième caravane, sans hésitation, attendant la suite des événements...

Stoïan esquisse un geste vague.

- Alice, Melkan. Melkan, Alice.

J'incline respectueusement la tête pour accompagner ma salutation.

- Enchanté sire Melkan, je suis ravie que vous vous joignez à nous. Il est toujours plus agréable de voyager nombreux et dans notre cas plus rassurant je dois l'avouer.

Le garde qui discutait avec melkan fait signe à une personne en hauteur et la porte s'ouvre lentement mais sûrement pour laisser passer le convoi de bohémiens.

La route commence, lente et tranquille dans un premier temps.

[Vous avez le temps de papoter.]

- Pas eu de souci avec les gardes, à ce que je vois... Bien. Etes-vous restaurés, tous les deux ?

j'acquiesce d'un mouvement de tête à la question de Stoïan.

- Il n'y a pas de problème de ce coté là non plus, du moins pour ma part.

De nature peu bavarde, je ne dis rien...je réponds simplement que tout va bien d'une légère inclinaison de la tête.

Je regarde Melkan pas complètement satisfaite de sa réponse, et ne peux m'empêcher de lui poser quelques questions pour apaiser ma curiosité à son égard.

- Pardonnez moi sire Melkan si je me montre indiscrète, mais j'aimerais savoir pourquoi vous avez décidé de venir me prêter main forte. Nous ne nous connaissons pas et j'ai cru comprendre que votre situation était déjà assez compliqué, par là je veux parler de la perte de votre sire...

Je marque une pause avec la nette impression d'avoir commis une erreur en abordant ce sujet puis tente de me reprendre.

- Mais je dois avouer que votre présence à nos coté est fort apprécié et dorénavant je serais à votre disposition si vous avez besoin d'une quelconque aide et cela va de même pour vous Stoïan, je vous suis redevable à tous deux.

J'attends impatiemment la réponse de mes interlocuteurs gênée d'avoir autant parlé.

Je souris légèrement lorsque j'entends Alice aborder le sujet de la perte de mon sire.

- Je m'en serai voulu de ne pas avoir prêté main forte à une demoiselle telle que vous. Et ne vous méprenez pas: nous sommes à votre disposition.

Je m'incline respectueusement.

La fin de la première nuit de voyage arrive bientôt, et vous passez le jour à dormir dans les roulottes tandis que les humains continuent la route avant de se reposer, manger, et satisfaire tous les besoins qui ne sont plus les vôtres.

Au début de la seconde nuit, alors que vous reprenez la route, assez rapidement le convoi s'arrête. L'information se met à circuler rapidement : une jeune fille a été laissée pour morte sur la route, et les membres du premier charriot s'occupent d'elle.

Curieuse, je me lève pour essayer de voir ce qu'il se passe, sans grand résultats je descends de la troisième roulotte où nous nous trouvons et commence à me rapprocher furtivement de la première où a eut lieu l'évènement.

Je lance un regard à Stoïan pour lui faire comprendre que je ne vais pas quitter Alice des yeux. Quelque chose cloche effectivement...

Je descends moi aussi de la roulotte pour accompagner la demoiselle.

Vous remontez donc tous les deux à l'avant du "convoi" et voyez deux des gitans agenouillés près d'une jeune femme aux longs cheveux bruns qu'ils sont en train de réveiller. Du sang macule sa joue et colle quelques uns de ses cheveux sur sa peau délicate et pâle. Sa tête repose près d'une grosse racine sur laquelle, sans doute, elle est tombée. Elle respire cependant doucement, et déjà bat un peu des cils...

Méfiante au début, je reste loin de la femme endormie observant la scène avec un vif intérêt pour la jeune femme. Petit à petit je m'approche, ma méfiance se transformant en inquiétude et finit par m'accroupir près de l'évanouie et décolle les cheveux de sa joue délicatement tout en vérifiant que le sire Melkan n'est pas loin derrière moi pour me rassurer.
Voyant ses battement de cils je tente de lui parler.

- Mademoiselle, vous m'entendez ?

Je reste en retrait, mais prêt à intervenir en cas de problèmes. Je laisse à Alice le soin d'inspecter et d'interroger la jeune femme au sol.

Elle murmure un "oui" à peine audible et porte sa main à sa tête.

- J'ai mal...

Ses doigts touchent le sang et elle ouvre ses yeux - deux grands yeux noirs un peu éteints - qui s'ouvrent de peur quand elle voit le liquide rouge tacher ses doigts.

- Que... que m'est-il arrivé ?

Je souris doucement à la question.

- à vrai dire nous espérions que ce serait vous qui nous éclaireriez sur le sujet. Nous étions en plein voyage lorsque nous vous avons croisé inanimée ici même. D'où venez vous et quel est votre nom ?

- Je... je...

Elle lève vers toi des yeux paniqués.

- Je ne sais plus !

Quelque peu décontenancée par cette réponse je reste un moment sans rien dire.

- Voilà qui n'aide pas beaucoup.

Je souris gentiment à la jeune femme pour essayer d'apaiser sa frayeur.

- Pouvez vous vous lever ?

Puis me tourne vers les deux gitans qui l'avaient trouvé en premiers.

- y a t-il un village pas très loin de cette route ?

La vieille Sarah, venue à la rescousse, examine la plaie de la tête et y applique une sorte d'onguent à l'odeur forte. La femme se laisse faire, puis tente de se relever avec l'aide d'un des hommes de Stoïan qui répond :

- Nous l'ignorons. Sans doute.

La jeune femme fait quelques pas, elle n'a visiblement rien de cassé.

Je me relève à mon tour et m'approche de Melkan. Je lui parle tout en jetant de temps à autre des regards vers la jeune femme qui tente de marcher.

- Que pensez vous que nous devrions faire ? Je ne me sens pas l'âme à laisser cette dame sur le bords de la route dans cet état mais je me dois de porter mon message au plus vite...

- Emmenons là avec nous jusqu'au prochain village. Quelques instants pour aider une pauvre dame, ce n'est pas cher payé.

Je souris contente de cette réponse avant de m'avancer vers la jeune femme d'un pas rapide et gracieux.

- Que diriez vous de monter à bords d'une des roulottes jusqu'à ce que nous atteignons le prochain village où vous pourrez vous remettre de votre choc convenablement. Vous ne devez pas habiter loin d'ici et il est hors de question de vous laisser seule dans cet état. Par ailleurs il est possible que quelqu'un vous reconnaisse.

Tout en disant cela je me rends compte que je n'ai demandé ni la permission à Stoïan ni aux autres membres de son clan mais la vision de la jeune femme mal en point me fait vite oublier ces infimes remords.