Ancillas - Tolosa, juillet 1000

Après avoir fait le baise-main réglementaire et non-dénué de candeur, je me contente de sourire à Alice et de répondre à ses questions indirects par des hochements de tête approbateurs et silencieux.

Je ne suis pas taciturne d'habitude, mais tant de protocole me pousse au mutisme. Cordial et charmant, je ne m'épanche pas pour autant en conversations anecdotiques. J'attends en observateur le début de cette cérémonie, espérant qu'elle puisse rivaliser d'intérêt avec le voyage auquel je me prépare.

J'aperçois Tekla et mes yeux manquent de rouler dans leurs orbites. Je préférerais presque marcher sur la lune que de lui parler. Dieu me garde de sa compagnie !

Bien qu'elle soit exclue de la conversation par la position physique d'Astier qui lui tourne le dos et par votre feinte ignorance, Fekla reste là, les yeux dans le vague, se balançant doucement d'avant en arrière, vous laissant tout loisir de continuer à ne pas la considérer.

Les paroles d'Astier me laisse songeuse un cours instant, mais la boutade lancée au chevalier gangrel me ramène à la conversation avec un léger rire. Je tapote gentiment sa main sur mon épaule en croisant son regard lui adressant ma reconnaissance à travers mon sourire avant de l'exprimer tout haut.

- Merci, je vais tâcher de rester le plus naturelle que la situation me le permet. Même si je sais mes craintes exagérées il me tarde d'en finir et de commencer les festivités moins cérémonieuses.

Malgré moi je lance un regard interrogateur vers Fekla, bien qu'à son égard je n'éprouve quasiment que de l'animosité les éléments glanés à son sujet ne laissent pas ma curiosité indifférente.
Ce regard ne dure qu'un bref instant bien assez vite je reporte toute mon attention sur mes interlocuteurs auxquels j'adresse le sourire qui semble continuellement m'accompagner.

- Oui, à moi aussi !

La voix qui s'est élevée est rieuse, charmante, et c'est tout naturellement que vous vous tournez vers sa propriétaire, dont la vision d'horreur vous rend un instant muets. On a beau croiser des Nosferatu à chaque cérémonie officielle, on les préfère toujours en dehors, quand ils se cachent à notre vue. La jeune femme qui se dresse devant vous n'a de femme que la tenue : son crane chauve, ses dents gâtées, ses yeux globuleux et son teint de peau qui la rend semblable à un mort en décomposition la rend odieuse à votre vue. Au moins, celle-ci ne sent pas mauvais.

- Je me présente, dit-elle avec un grand et affreux sourire, Seracena. Moi aussi je passe Ancilla ce soir !

Elle tend sa main à Alice, cordiale.

Fekla, soudain revenue à la vie, émet un "Beurk !" sonore et s'éloigne de vue, comme si la vision de la Nosferatu l'indisposait au plus haut point.

Retenant un peu ma respiration ... enfin ma simulation de respiration, j'ai du mal à répondre à l'arrivée de Seraneca. Il faut dire que j'avais déjà eu l'occasion d'en croiser mais d'aussi près, jamais. Je la regarde, ne sachant trop quoi dire quand une réaction étonnante se produit. Fekla semble indisposée par la présence de ce futur nouveau Ancilla. Un petit sourire né alors sur le coin de mon visage. Si quelqu'un pouvait avoir autant d'effet sur une personne comme la malkhavienne triplette, je ne pouvais qu'être aimable est courtois avec elle. La barrière de l'apparence est si rapide à dépassé quand elle est dopé par un petit bonheur opportun. Je fais donc une révérences humble avant de répondre à la Nosferatu

"Heureux de vous rencontrer Seraneca, une surprenante entrée que vous avez fait, je dois l'avouer. Mes félicitations pour votre ascension"

Je fais de mon mieux pour ne pas faire de pas arrière tant la laideur de la nosferatu assaille ma vision, cependant je suis outrée par la réaction de Fekla accabler ainsi publiquement une personne si touchée par la malédiction de Caïn me donne des élans de compassion. Je saisis avec douceur la main Seracena lui adressant un sourire jovial allant de pair avec ses dires faisant la courbette d'usage.

- C'est avec plaisir que je fais votre connaissance, dame Seracena, je suis Alice. Il m'est arrivé maints échos flatteurs à votre sujet, on vous dit douée, passer ancilla vous est chose due.

Saracena ne prête guère attention à Fekla, envers qui elle n'a qu'un petit sourire dédaigneux.

- Merci, sire Astier et dame Alice, de vos compliments. Mais je ne suis pas moins méritante que vous, belle damoiselle, ou que Sire Melkan. Les chemins de la liberté sont nombreux : que ce soit par la force et la naissance, ou par la beauté et le charme, vous avez tous deux fait vos preuves tout aussi bien que moi, je crois.

Elle se tourne vers Ramire et Astier :

- Mais nul doute que vous ferez aussi vite vos preuves. Pour vous Astier, il faut dire que votre clan est très exigent et n'accorde pas facilement la responsabilité de la liberté à ses ouailles. Et je suis sûre que le si érudit fils d'Alix ne doit son statut de nouveau-né prolongé que parce qu'Alix refuse de le quitter si vite. Il faut dire que ses autres nouveaux-nés l'ont beaucoup déçue...

Aussitôt dit, toujours joyeuse et flatteuse, elle se tourne vers Alice :

- Cela dit, je tenais être le première à vous féliciter. Ne me demandez pas de quoi, je n'ai pas le droit de vous le dire.

Il faudrait vraiment qu'elle arrête de sourire... Même si sa gaieté est rafraichissante, elle n'en reste pas moins terrible à regarder.

Je regarde Seracena intriguée d'un œil interrogateur, il est bien une raison qui me vient subitement à l'esprit mais je n'ose trop y penser et encore moins la révéler tout haut.
Entrainée par son enjouement j'arrive à dépasser l'horreur qu'elle suscite chez moi et lui souris sincèrement amusée.

- Vous me laissez là dans un terrible suspens ! N'y a t-il vraiment aucun moyen de connaitre la raison de vos félicitations ?

Ah Dieu ! Nous allons de Charybde en Scylla ce soir ! Seigneur tout puissant, quelle miséricorde n'as-tu pas accordé à cette malheureuse créature...

Mon regard ne croise celui de Seracena jamais plus de quelques secondes. Malgré toute l'étiquette dont j'aimerais faire preuve, il est difficile de converser avec cette femme qu'on verrait plus sur en couche médicale qu'en robe d'apparat.

Je souris difficilement lorsqu'elle s'adresse à moi et hausse à peine les épaules à la mention de mes prédécesseurs. Je note, mais pour plus tard. Je prétexte d'avoir à saluer sire Rostan pour m'éviter d'être inconvenant.

- Bonsoir Messire. Que... quels sont vos projets du moment ?

N'importe quelle excuse pour ne pas regarder l'horreur qui marche.

Je prends la main de Dame Seracena et lui fais un baise main tout ce qu'il y a de plus classique.

"Eh bien heureux de rencontrer celle qui partagera cette cérémonie avec nous. Effectivement c'est une chance de pouvoir être là et je suis ravi que vous partagiez cet instant avec nous. Je n'ai jamais eu l'occasion de vous croiser. Dites moi en plus sur vous"

Après tout un vampire est un vampire, quelle que soit son apparence et puis sa façon de parler de ma naissance m'intrigue.

Alors que Ramire s'éloigne, Saracena répond d'abord à Alice :

- Non, mais je suis sûre que vous vous en doutez, dit-elle dans un clin d’œil complice avant que Melkan ne prenne la parole.

- Eh bien heureux de rencontrer celle qui partagera cette
cérémonie avec nous. Effectivement c'est une chance de pouvoir être là
et je suis ravi que vous partagiez cet instant avec nous. Je n'ai jamais
eu l'occasion de vous croiser. Dites moi en plus sur vous.

Elle regarde le Gangrel lui faire un baise main avec stupéfaction, abandonnant un instant son sourire, avant de le reprendre de plus belle, les yeux brillants. Toutes les femmes sont sensibles aux marques d'attention et de galanteries. En particulier les moches, qui n'y ont pas le droit souvent.

- Que voulez-vous savoir ?

Une réponse surprenante venant d'un Nosferatu. Peut-être une conséquence du baise-main ?

"Je n'ai jamais eu l'occasion de vous croiser et comme nous faisons partie de la même cérémonie, je voulais vous connaître un peu mieux sans me montrer par trop curieux ou discourtois. Partager c'est aussi connaître et découvrir. N'est ce pas ?"

Je suis ouvert à la discussion avec elle. Je ne sais que trop bien qu'il ne faut pas juger sur les apparences et si elle a été choisie c'est qu'on lui reconnait d'indéniables qualités. Mes yeux soutiennent donc son regard comme lors de n'importe quelle conversation, sans que je ne la dévisage ou n'en fasse trop non plus.

Ses yeux à elle papillonne, dans une parodie sinistre de tentative de charme.

- Cela ne me dit pas ce que vous vous voulez savoir, sire Melkan.

Je ne souris pas trop pour ne pas forcer le trait dans une parodie de séduction déplacée mais reste très aimable et cordial. Je ne tente pas de lui plaire, juste de lui montrer que contrairement à d'autres elle ne me fait pas peur et que discuter avec elle, est un plaisir

"Cela peut vous paraître curieux mais plus habitué aux forêts qu'à la ville, je ne vous connais pas et il me semble qu'à l'inverse vous me connaissez. Il est donc normal que je veuille à mon tour en savoir plus sur vous, sur ce que vous faîtes au sein de la société toulousaine. Mon ignorance, je l'espère, n'est pas blessante."

- Au contraire, c'est un éloge. C'est si vous me connaissiez bien que je devrais m'inquiéter.

En disant cela, elle reprend une posture moins charmeuse, comme si se rappeler à haute voix la devise de son clan la ramenait à la réalité.

- Quant à vous connaître, je n'ai nul mérite. Les Lupins ne sont pas comme les Gangrels : certains vivent en ville.

Elle dit cela avec un naturel désarmant, puis se tourne vers Alice.

- En tout cas, chère dame, si dans l'avenir vous avez besoin de mes services, n'hésitez pas à faire appel à moi ! J'en serai honorée.

Elle se tourne vers Melkan, puis Astier :

- Pour vous aussi, bien sûr, mais je pratiquerai mes tarifs habituels.

Ravie de la réponse de la nosferatu je me perds momentanément dans mes pensée qui au vu du sourire illuminant mon visage ne peuvent qu'être agréables. Le court échange entre le sire Melkan et Dame Saracena me fait sourire mais l'une des intervention de la dame attire plus mon attention, je soupçonnais en effet les lupins de vivre en ville mais l'entendre certifié est toute autre chose. Je têche de ne pas montrer plus d'intérêt que nécessaire à cette phrase lancée sur un ton si anodin et accueille son offre avec un sourire reconnaissant que j'accompagne d'un signe de tête pour exprimer mon remerciement.

- C'est un honneur pour moi également dame Saracena, sachez que si je venais à nécessiter vos services j'irais vous quérir sans la moindre hésitation.

Saracena a écrit:

- Pour vous aussi, bien sûr, mais je pratiquerai mes tarifs habituels.

Les services d'une Nosferatu sont, bien évidemment, très recherché mais c'est un sourire assez gêné. Il faut dire qu'en ce qui concerne les tarifs ... je ne savais guère comment je pouvais payer des services alors que je ne suis guère fortuné.

"Je prends note de votre proposition de service. Malheureusement j'ai bien peur que vos talents ne soient bien au dessus de mes moyens pour le moment"

J'ai un sourire amusé face aux remarques de la nosferatu, touché et surpris par ses connaissances quant aux lupins. Je m'adresse alors à elle.

"Décidément Dame Saracena, vous avez bien des ressources. Je n'hésiterai pas à faire appel à vous en cas de besoin, à vos tarifs cela va de soi. Une experte a toujours son prix, je vous fait confiance quant à son niveau et sa nature. Cette cérémonie que j'appréhendais quelque peu est pleine de bonne surprises et de belles rencontres"

Je la salue le plus élégamment possible non pour prendre congés mais pour montrer tout l'intérêt que je lui porte.

Elle tend un grand sourire à Alice et Melkan, et répond à Astier :

- Ne vous inquiétez pas pour le prix. Au pire, c'est un service maintenant contre un autre service plus tard... Et comme je ne doute pas que vous êtes un homme de valeur, et que ça se remarquera...

Puis elle se tourne vers Melkan :

- C'est souvent l'avantage de ces grandes réunions, ou même de passer par l'Elysium. C'est souvent comme ça qu'on fait des rencontres intéressantes. Ce n'est pas pour rien que c'est un lieu aussi fréquenté.

Elle regarde quelque chose par dessus votre épaule et s'excuse :

- Pardonnez-moi, je crois que mon Sire m'appelle.

Alors qu'elle part le rejoindre, Rosamund et Esclarmonde vient à vous, côte à côte, discutant. Il est étonnant de voir ensemble une femme à la beauté fragile, à l'élégance travaillée, à la démarche souple et musicale, et cette autre femme à la démarche virile, à la souplesse sauvage, au regard brut.

- La cérémonie va bientôt commencer... Nous avons quelques minutes encore devant vous. Avez-vous des questions ?

- Astier, va rejoindre ton copain Malkhav, ce qu'on va dire ne te regarde pas.

- Hum. Il est vrai que si vous aviez l'obligeance de nous laisser entre Sires et Infants pendant ces dernières minutes, nous vous en serions très reconnaissants, sire Astier.

Rosamund lève les yeux au ciel.

- Que de ronds de bouche pour lui demander de se casser ! Tu sais, il avait compris quand je le lui avais demandé.

Esclarmonde a un sourire désolé en regardant Astier.

Je m'avance pour faire un baise main.

"Enchanté de vous rencontrer Dame Esclarmonde. Dame Rosamund, Dame Esclarmonde, savez vous dans quel ordre nous allons passer ? Il me tarde que tout cela soit fini. Tout ce monde, toute cette foule, je ne suis pas à ma place."

Ne prenant pas outrage des remarques de Rosamund, je fais mine de presque l'ignorer pour ne répondre uniquement à Dame Esclarmonde.

"Je comptais justement prendre place dans les spectateurs ..."

Un dernier regard aux futurs Ancilla avant de leur dire un :

"Bonne chance, mes amis ... à vous aussi dame Saracena, ce fut un plaisir de vous rencontrer"

Après une petite courbette protocolaire, je m'écarte du groupe pour rejoindre une place pour observer ce qui allait suivre

Je salue la nosfe d'un signe de tête obligeant alors que celle-ci prends congé pour rejoindre son sire toujours souriante, sitôt partie sirôr remplacée, je souris à mon mentor et dame Rosamund adressant à celle-ci la courbette d'usage.
J'accompagne le regard désolé de Dame Esclarmonde vers Astier, le franc-parler de Dame Rosamund est certes désarmant, je le regarde nous quitter après l'avoir saluer comme il se doit pour enfin me tourner vers nos deux sires. Un sursaut de panique me fait prendre les mains de Dame Esclarmonde mais toujours avec douceur.

- Je suis un peu nerveuse ! Je ne connais pas bien le protocole à suivre...

Je tente de me rasséréner et plus calmement reprends ce que je disais.

- Vous m'aviez prévenue que je serais la dernière à passer et je ne me rends compte que de ce détail maintenant, pensez vous que mon serment soit convenable pour clôturer la cérémonie ?

C'est dame Esclarmonde qui répond, de sa voix douce en chantante :

- Les deux nouveaux-né du compté commenceront, puis ce sera le tour de Saracena, puis celui de Melkan et enfin le tien, chère Alice, comme tu le sais déjà.

Vous passerez chacun devant le trône, à genoux, les mains jointes dans celle du Prince comme lors d'un serment vassalique habituel. Il vous fera vous relever pour vous embrasser pour conclure le serment et il vous donnera votre congé. Ainsi, vous n'aurez qu'à vous laisser guider par Lugan. C'est un exercice qui est pour lui presque de la routine, même si ce soir, au vu des qualités certaines de trois des Nouveaux-nés, la routine prend des allures de grande cérémonie.

Elle se tourne vers Alice, rassurante :

- Ne t'inquiète pas, ton serment est parfait.

Je hoche doucement la tête dans la direction de dame Esclarmonde après avoir salué Astier.

"Merci pour ces précisions. Il me tarde que tout cela soit fini. Les protocoles aussi importants soient ils ne sont pas ce que je préfère."

Me tournant vers Alice.

"Vous êtes rayonnante ce soir, il est bien que la cérémonie se finisse avec vous."

Je souris gentiment à Melkan et à dame Esclarmonde pour leurs compliments mais on peut toujours lire de l'anxiété sur mon visage, finalement je me tourne vers mon mentor un peu plus sereine.

- Vous avez déjà entendu maints serments si le mien vous convient alors il n'y a plus lieu de douter.