3. A l'elysium - Alice, Astier, Stoïan et Wiloria

Sapho quitte rapidement Guilhem après un regard pour aller voir Alix, avec qui une discussion animée se noue. Rostan, quant à lui, est rejoint par le primogène Ventrue.

Kernt et Guilhem, quant à eux sont rejoints [/color]par Hamed qui leur parle doucement.

[color=brown][Je considère pour le moment que chacun à sa discussion privée, sauf Alice qui, discutant avec Jehan, passera difficilement inaperçue. Chacun discute donc dans sa section privée, sauf éclat de voix particulier...]

Sans prêter un regard à la scène provoquée par la primogène Alix, je salue Stoian et le regarde s'éloigner l'enviant secrètement, je baisse à nouveau la tête assaillie par ces pensées monstrueuses dont je n'arrive pas à me défaire.
L'éclat de voix de Jehan me fait tressaillir, je me ressaisi le plus vite qu'il m'est possible arborant un beau sourire vers ce dernier qui se dirige à présent vers moi.

- Sire Jehan, j'espère que votre mission s'est passée sans encombre.

- Bien sûr ! Comment pourrait-il en être autrement ? Dit-il en souriant. Et vous, chère Alice, ne vous ennuyez-vous pas trop ici ?

Je le regarde souriante cherchant à cacher la tristesse qui m'accable.

- Je ne m'ennuie pas mais j'aurais préféré rentrer pour m'occuper de choses plus plaisantes seulement les portes nous sont fermées.

Je lance un regard vers le garde qui avait refusé de nous laisser sortir Dorian et moi avant de soupirer et de replonger mon regard dans celui de Jehan, toujours un sourire sur les lèvres.

- Je voulais vous remercier aussi pour avoir fait mon introduction auprès du chambellan, grâce à vous elle m'a accordé le droit à une audition lorsque je me sentirais prête à jouer en public.

J'incline légèrement la tête un grand sourire sur le visage illuminant celui-ci.

Il sourit franchement, ravi de ce remerciement.

- Mais ce n'est rien ! C'est un réel plaisir de vous rendre ce service...

Il se penche à l'oreille de la jeune femme et lui murmure...

Astier, Abalaîs (le préfet) et Eleanor (le chambellan) se dirigent vers la petite porte gardée (et a priori la franchissent).

Alors que j'étais en pleine discussion avec Hamed et Guillhem, je reporte soudainement mon attention sur le groupe qui passe la porte, comme étonné de les voir franchir celle ci en particulier.

Ils la franchissent cependant, sans voir l'attitude de Kernt, alors que Jehan, toujours auprès d'Alice, éclate de rire.

Je n'ai pu cacher un certain trouble pendant mes discussions avec Hamed et Kernt. Une fois ce dernier parti, je regarde Sapho et Alix en échangeant encore quelques mots avec Hamed. Puis je me rapproche sans hâte de mon Sire, avec l'intention claire d'intervenir dans sa conversation avec Alix.

Je m'approche de mon cher mentor, lançant d'une voix joviale bien que son volume soit modéré.


-Quelque chose d'amusant mon cher Mentor?

Jehan répond à Kernt et Sapho à Guilhem...

Astier, revenu dans la salle du trône, glisse quelques mots à l'oreille du prince qui se redresse brusquement, attirant l'attention de tous. Il s'exclame :

- Quoi ?

Il a l'air sur le point de frapper, de colère, l'émissaire de la mauvaise nouvelle avant de se reprendre. Il se tourne vers la salle et regarde les uns et les autres d'un air furibond, semblant réfléchir à toute vitesse. Puis il se met à sourire et se redresse de toute sa hauteur.

- Nous venons d'apprendre que Clara de la Mancha s'est évadée, ce qui signe sa culpabilité. Elle n'a pu y parvenir sans complice... Aussi, je déclare qu'elle et toute personne rencontrée en sa présence qui n'est pas en train de la combattre sont bannis du compté de Tolosa. Aussi je déclare, dès cet instant, la chasse au sang ouverte !

La réaction de l'assemblée ne se fait pas attendre et, hors chez les plus anciens, la convoitise aiguise les regards. Désormais, il règne une certaine impatience à voir les portes de l'Elysium ouvertes...

Le prince se retourner vers Astier.

- Vas chercher Abalaïs. Il ne sert à rien qu'elle reste en bas.

"Bien sir"

Je me hate de retrouver la Préfet pour lui transmettre les ordres du Prince

un peu agitée par la déclaration du prince je me tourne vers Jehan pour lui demander.

- Les nouveaux-nés doivent-ils aussi participer à cette chasse ? Je ne sais guère me battre si ce n'est pas du tout...

J'affiche une mine inquiète.

Je marmonne à voix basse, presque pour moi.


-Et bien cette fois au moins, on ne nous pointera pas du doigt, puisque tout le monde savait que nous n'étions pas là a ce moment.

Puis j'attends de voir la suite des évènements. Je ne suis pas certain de suivre la logique de tout cela puisque le prince avait décidé de cloitrer tout le monde a l'abri dans l'Elysium, un grand danger semblant nous guetter dehors. A moins qu'il ne soupçonne une relation de causalité entre la présence de cet ancien et l'évasion de Clara, auquel cas il voudrait à tout prix l'empêcher de quitter Toulouse. Ou simplement veut il effectivement l'empêcher de quitter Toulouse à tout prix, quit a pousser les membre de sa cour a prendre ce risque...

Jehan répond avec obligeance à Alice, mais chacun peut l'entendre :

- Une chasse au sang n'est pas une chose qui vous ferait plaisir, chère damoiselle. C'est la permission de diabler un autre vampire, c'est à dire sucer son sang jusqu'à la mort ultime et récupérer une partie de ses pouvoirs, mais aussi de ses souvenirs... Certains prétendent que c'est l'âme d'un frère que nous volons alors...

Il marque une pause.

- Quoiqu'il en soit, il est très mal vu que les nouveaux-nés y participent. Ce n'est pas une expérience que les anciens voient d'un très bon oeil, en particulier si elle fait partie de "l'éducation".

Rosamund, affichant un sourire sinistre, réagit :

- Oui, on ne sait jamais, ils pourraient aimer ça...

Elle rit, imitée par quelques uns dans la salle, dont le nouveau mentor de Leonora. Mais la plupart se contentent de jeter un oeil désapprobateur sur la gangrel, sans oser la contredire ouvertement cependant.

Je souris faiblement devant l'explication de Jehan, mais d'une certaine manière paraît soulagée de ne pas avoir à affronter d'autres vampires en combat. Choisissant d'ignorer la remarque de Rosamund je pose une nouvelle question au sire Jehan.

- Allons nous rester à l'elysium le temps que durera cette chasse ?

- Tant que Wiloria, Maria et Stoïan ne seront pas revenus, les portes ne s'ouvriront pas je pense. Mais lorsqu'elles seront ouvertes, chacun sera libre de rentrer chez lui, bien sûr. Clara ne pourra de toutes façons pas sortir de la ville cette nuit. Le piège tendu à l'ancien s'est aussi refermé sur elle. Peut-être même que Wiloria et Stoïan sont en train de s'occuper d'elle en ce moment-même...

Ma bouche se plisse légèrement à la remarque cynique de la femme -- une remarque que seul un être fou ou puissant peut prononcer dans un tel lieu, en un tel moment. Le silence prudent des vampires autour de moi est éloquent.

Sidor il y a peu, Clara de la Mancha et l'ancien au nom inconnu à présent... Je m'adresse à Sapho à mi-voix, légèrement surpris:

- Les nuits de Tolosa sont-elle toujours aussi... agitées ?

Etonnement, l'explication de Rosamund me convainc beaucoup plus que celle de Jehan. Laisser un jeune vampire qui n'a pas encore forcément de bride au cou accumuler du pouvoir est une entreprise risquée. Il y a bien également la possibilité que le vampire se voit massacré qui doit peser contre cette possibilité, mais j'ai du mal à me faire à l'idée que celle ci soit vraiment au premier plan des préoccupation des anciens.


-Bon et bien, je crois que nous allons attendre.

Je place cette remarque dans le vide, pour moi, ou simplement pour dire quelque chose.

- Et maintenant une chasse à l'homme...J'attends avec impatience le moment où viendront les jeux du cirque... Moi qui pensait que la recherche de Dieu et l'immortalité permettait de se prémunir de telle vicissitude...J'avoue y reconnaître un certain comique. murmurra la jeune fille à l'égard de Marcelle

à :guilhem: - Non, elles sont bien plus calmes habituellement. Certes, nous avons à faire avec les intrigues de palais et les luttes d'influence sur les humains. Pour ceux qui s'en occupent, ces activités sont assez chronophages. Mais tout cela n'a rien avoir avec les derniers évènements qui se cumulent...

Elle a un visage grave ; visiblement tout ceci ne lui plait guère.

à - Les jeux du cirque nous les aurons demain, ma chère, quand les deux gangrels s'affronteront. Les vampires ne sont pas mieux que les humains : ils sont pires, car ils s'ennuient...

- C'est vous qui nous ennuyez avec vos propos, dame Marcelle.

Eleanor, qui vient de remonter dans la salle, intervient :

- Voilà qui ne change pas de d'habitude, à ce que je vois.

Les deux femmes se lancent un regard plein de haine qui laisse un démon passer dans la salle. Jehan, soudain, se tourne vers Dorian :

- Dîtes moi, Dorian, si vous nous chantiez un petit lai ? Il n'est pas bon pour des vampires de rester trop longtemps enfermés dans la même pièce. La musique adoucira les tensions, à défaut d'adoucir nos moeurs...

Dorian hausse les épaules et fouille la salle des yeux, jusqu'à ce que son regard croise celui d'un vampire à l'apparence d'une toute jeune fille.

- Tu m'accompagnes, Serena ?

La jeune fille hoche la tête, visiblement ravie de l'aubaine.

Bientôt s'élève la voix de Dorian, pure comme celle d'un ange qui semble glisser sur les personnes présentes, voile de soie, et pénétrer en eux, les saisissant toutes entières de la beauté du chant. Quand la voix de Selena, un peu plus grave, s'élève, toute la salle n'est plus qu'écoute et envol onirique.

Citation :

Assez me plaît et bien le veut
Du lai qu'on nomme chèvrefeuille,
Que la vérité vous en conte,
Comment fut fait, de quoi et dont.
Plusieurs me l'ont conté et dit
Et je l'ai trouvé par écrit,
De Tristan et puis de la reine,
De leur amour qui fut extrême
Dont ils eurent mainte douleur,
Puis en moururent en un jour

Le roi Marc était courroucé,
Par Tristan, son neveu fâché.
De sa terre le congédia
Pour la reine que Tristan aima.
En sa contrée s'en est allé,
En Sudgalles où était né.
Un an y resta, tout entier,
Sans en arrière retourner.
Alors se mit en abandon
De mort et de destruction.
Ne vous étonnez nullement,
Car qui aime loyalement
Bien est dolent et attristé
Quand il n'a plus sa volonté.
Tristan est dolent et pensif,
Pour ce s'émut de son pays.

En Cornouaille va tout droit
Là où la reine demeurait.
En la forêt tout seul se mit,
Car ne voulait pas qu'on le vît.
A la vêprée il en sortait,
Le temps venu de s'héberger.
Des paysans, des pauvres gens,
Prenait la nuit hébergement.
Les nouvelles leur demandait
Du roi comme il se conduisait.
Lui dirent qu'ils ont ouï
Que les barons étaient bannis.
A tintagel doivent venir,
Le roi y veut sa cour tenir.
A Pentecôte y seront tous,
Fête sera et gai séjour,
Et la reine y viendra aussi

Tristan alors bien se réjouit,
Car elle ne pourrait aller
Sans que lui ne la voit passer.
Le jour que le roi parti fut,
Tristan est au bois revenu
Sur le chemin où il savait
Que la route passer devait.
Un coudrier tailla parmi,
Et tout carrément le fendit.

Quand il a paré le bâton,
De son couteau écrit son nom.
Si la reine l'apercevait,
Qui grande garde en prenait -
Autrefois était advenu
Qu'ainsi l'avait aperçu -
De son ami bien connaîtra
Le bâton quand elle verra.
Ci fut la somme de l'écrit
Qu'il lui avait mandé et dit:
Qu'il a longtemps, tout cet été,
Et attendu et séjourné
Pour épier et pour savoir
Comment il la pourrait revoir
Car sans elle il n'a point de vie.
De ces deux, il en fut ainsi
Comme du chèvrefeuille était
Qui au coudrier s'attachait :
Quand il s'est enlacé et pris
Et tout autour du fût s'est mis,
Ensemble peuvent bien durer.
Qui plus tard les veut détacher,
Le coudrier tue vivement
Et chèvrefeuille mêmement.
"Belle amie, ainsi est de nous:
Ni vous sans moi, ni moi sans vous !"

[pendant ce temps, toute discussion doit avoir lieu dans les sections privées...]

Je reste aux cotés du sire Jehan sans dire un mot complètement subjuguée par la beauté de la voix de Dorian et de celle qui l'accompagne, Serena.
Cette dernière attise quelque peu ma curiosité, mon regard la dévisage en tout point, le sire Dorian ne m'avait pas dit qu'il faisait des duos avec d'autres vampires de la cour. L'idée de chanter un jour avec lui me fait sourire et me concentre plus assidument sur le lai interprété souhaitant un jour pouvoir le déclamer avec autant de beauté.

[note : le lai n'est pas déclamé, mais chanté en jouant sur la polyphonie. J'avais eu l'occasion d'entendre un jour ce lai chanté mais je n'arrive pas à le retrouver. Dans les jours qui viennent j'essaierai de vous trouver quelques musiques médiévales laïques pour vous donner quelque idée de ce à quoi cela peut ressembler]

Serena est une vampire à l'apparence d'une très jeune femme - plus jeune encore que Alice elle-même, pourtant à jamais figée dans la beauté de ses dix-sept ans. Elle n'a rien de la beauté tapageuse d'une Leonora, ni de celle, angélique, d'Alice. En fait, c'est à pein si elle est jolie, empêtrée dans ce corps trop maigre, presque maladif, d'enfant mal nourrie. Mais elle a une grâce maladroite, un regard contemplatif qui font son charme, même si dans la meute de prédateurs que vous formez tous elle a l'air d'être là uniquement pour jouer le rôle du sacrifice expiatoire.

Pourtant, quand sa voix grave s'élève dans les airs, tout cela disparait. Elle n'est plus que pure musique, pur sentiment exalté, comme si dans son corps froid de non-vivant un coeur humain vivait encore, avec toutes ses craintes et tous ses regrets d'aubes à jamais éteintes pour ses yeux.