7. J'étais sur la route toute la sainte nuitée (groupe 1)

Rostan s'avance à la lisière de la zone protégée, les yeux toujours fixés sur le lupin tenant Alaïs.

-"Très bien ! Rendez leur la jeune fille et prenez moi à la place. J'assumerais mes paroles et leur conséquences. Vous aurez tout de même un otage ainsi..."

Je passe ma main sous ma capuche pour me frotter le front d'un air dépité.

-Un suicide pour racheter une sotterie. Voila qui arrange bien nos affaires...

Cependant je n'ajoute rien et n'esquisse pas un mouvement supplémentaire.

- Soit ! grogne le lupin.

Il lance Alaïs sur Kernt qui la réceptionne avec adresse et la belle évanouie, sous le choc, se réveille alors qu'elle a devant ses yeux le masque d'horreur qu'est le triste visage du Nosferatu. Cependant, Rostan avance, digne et droit, la main sur la poignée de son épée encore sagement dans son fourreau, le regard braqué sur celui de son ennemi qui ricane.

Un bras se lève, les griffes longues et effilés brillant comme une menace,...

et ne se rabaisse pas. Il y a un flottement d'incompréhension alors que le lupin semble comme figé dans une pensée qui lui est propre. Le temps semble suspendu sous le coup de la surprise.

Puis une autre chose se passe... Les plantes, soudain, semblent vivantes. Les lierres sur les arbres, les branches souples, les racines, même les fougères encore vertes semblent respirer, vivre, et vouloir se mouvoir... et elle se meuvent en effet, s'enroulant autour des membres des lupins grognant les fichant au sol avec une force que même eux ne peuvent égaler. Et lorsque l'ennemi de Rostan se réveille soudain, s'abaissant à faire un pas et abaisser la hache de son bras, il est trop tard, il est coincé au sol, à moitié couvert de lianes solides - et surpris.

- Je ne sais pas à qui on doit tout ça mais il nous faut partir ! Maintenant !

Au loin les cloches se sont remises à sonner.

Chargeant la jeune goule sur mes épaules, je me met à courir vers le son de cloche à en perdre haleine.


-Vous semblez avoir un ange gardien chez les créatures damnées mon cher Rostan!

Le coeur au bord des lèvres (le visage d'un Nosferatu n'a rien de bien ragoutant au réveil) mais trop faible pour protester, je me laisse porter par Kernt.

En murmurant:
"Vers les cloches, il n'y aura rien à craindre. La paix... "

Sans rien ajouter, je fais un geste brusque à Rosan et Rosalia les enjoignant à nous suivre, puis je cours à leur côté dans la même direction que Kernt.

* Qui sait combien de temps nous aurons avant que les lupins ne se libèrent ? *

Vous courez dont à toute allure vers le son des cloches... Très vite vous croisez un loup lui aussi immobilisé par les ronces et les fougères, grognant et luttant contre les plantes l'enchevêtrent. Dans la brume vous n'avez bientôt que le son des cloches qui vous guident, et vous les suivez jusqu'à ce que vous vous cogniez à des barrières de bois. Plus près que ce que vous ne le voudriez, des hurlements de loups se font entendre.

* S'il y a des barrières, cela veut dire que quelqu'un habite ici, et qu'il est prêt à se protéger de ce qui vient de la forêt...

Je me retourne face au brouillard pour vérifier que les loups ne sont pas encore sur nous, et tenter de voir où se trouve Rosalia d'une part, Kernt et Alaïs d'autre part. S'ils sont en difficulté, je les aide à franchir la barrière avant de la passer moi-même.

Vous passez tous la barrière et aussitôt vous rejoint, sautant de la branche d'un arbre, un homme pâle, aux cheveux noirs parsemés de gris, coupés assez courts, à la moustache fière. Il est vêtu simplement d'un pantalon et d'une chemise sombre sous une cape sombre aussi. Il arrive sur le sol avec un bruit sourd, la terre un peu boueuse s'écrasant sous son poids et vous éclaboussant de fines particules. Il se redresse, vous dépassant d'une tête, plantant son bâton de chêne au sol.



- Bienvenue sur mon territoire, vampires, dit-il d'une voix à l'accent fortement prononcé, mais plus rocailleux que le vôtre.

Me tendant légèrement à l'approche de l'homme, je me calme en voyant qu'il n'a pas l'air agressif. Doucement, je fait glisser Alais de mes épaules afin de la poser sur ses pieds tout en la maintenant de mes mains pour le cas où elle serait encore sur le choc.


- Merci. Pour votre bienvenu et pour l'aide que nous vous devons surement. Je suppose que nous avons à faire à Peire?

Ma voix, sans être agressive, laisse apercevoir une pointe de méfiance.

Il se redresse et son regard se met à briller.

- Je suis Peire. Et vous ?

Encore incertain sur les intentions de Peire à notre égard, je reste attentif à ses moindres mouvements. Voici quelqu'un de puissant... que ce soit par sa force ou ses pouvoirs. Espérons qu'il ne nous sera pas hostile.

Je hoche la tête brièvement pour saluer notre "hôte", d'un ton égal:

- Guilhem.

Je lance un regard à Rosalia pour voir sa réaction face à Peire, avant de poursuivre:

- Merci de votre aide. Votre domaine est-il à l'abri des attaques de nos... poursuivants ?

- Je suis Rosalia, et voici Rostan et Alaïs. Sauf Alaïs, ce sont tous des nouveaux-nés qui m'accompagnent. Je rejoins Guilhem dans sa question...

Son regard inquiet qui s'oriente malgré elle sur l'origine des grognements qui se rapprochent exprime mieux que ses mots sa crainte profonde.

- Vous n'avez rien à craindre ici. Un pacte a été conclu et est respecté. Si vous le voulez bien, je vais vous conduire à l'intérieur, nous y serons mieux pour discuter.

Je remercie Kernt d'un léger signe de tête et suis Peire.

"Je ne suis pas sûre que nous vous devons d'être arrivés ici sains et saufs, n'est-ce pas? Qui nous a aidés, je dois les remercier...."

Peire hoche la tête mais se tourne vers l'extérieur du champs, attendant les garous qui ne tardent pas à arriver, en effet. Vous les voyez s'approcher dangereusement de la barrière, courant avec célérité. Leurs pas lourds écrasent la terre et la font résonner jusque sous vos pieds. Cependant ils s'arrêtent juste à la limite de la barrière de bois, vous perçant de leurs regards haineux. Peire les fixe avec fierté et vous voyez les loups hésiter, ayant visiblement envie de franchir cette frontière qui ne doit pas êre que de bois. Le temps semble ainsi s'écouler lentement, ne semblant jamais vouloir finir. Mais enfin les loups décident de partir, faisant demi-tour.

Alors Peire se dirige vers l'intétieur, vous guidant parmi les arbres qui rapidement s'éclaircissent. Au centre d'une clairière légèrement élevée, se dresse une petite maison munie d'un petit dongeon en haut duquel les ouvertures laissent voir les reflets cuivrés d'une cloche.



- Vous voici chez moi. Vous y serez les bienvenus tant que vous le voudrez, ici vous serez à l'abri de tout.

Il a un fin sourire et un regard un peu rêveur.

- Sauf peut-être des discussions sans fin.

Il s'explique.

- J'ai le plaisir d'accueillir un ami Cappadocien, Père Grégor.

Rostan s'incline légèrement après l'accueil de Peire.

-"Soyez loués pour votre accueil courtois et la diligence de votre assistance face à ces bêtes. Je suis impressioné par les pouvoirs dont vous avez fait montre. Ainsi que dame Rosalia vous l'a déjà dit, je me nomme Rostan, Rostan lo Sorber, du clan Tzimisce. Je serais honoré d'être votre hôte et pense pouvoir m'accomoder des plus interminables discussions."

Termine-t-il, une pointe d'humour dans la voix.

Il hoche la tête.

- Je crois ne pas avoir été le seul à utiliser mes pouvoirs : ce n'est pas moi qui ai ralenti le lupin qui menaçait de vous tuer tout à l'heure. Heureusement qu'un autre est intervenu, cela a laissé aux plantes d'agir.

Il fait un léger tour de regard du groupe, laissant songer qu'il pense que c'est l'un d'entre vous qui est cause de cet étrange arrêt dans l'action du lupin, mais qu'il ignore de qui il s'agit précisément. Cependant il ne dit rien, respectant sans doute le souci de discrétion du sauveur en question.

Alors que vous vous avancez de plus en plus vers la demeure, un jeune garçon brun sort et accourt vers vous. Il porte une toge courte à la mode latine et ses cheveux tombent sur son cou.

- Maître, vous revoici ! J'ai eu peur pour vous.

L'enfant vous salue ensuite et se place à côté de Peire qui pose sa main sur son épaule.

- As-tu bien appris ta leçon du jour ?

- Oui Maître. Voulez-vous que je vous la récite ?

- Plus tard, plus tard, n'allons pas incommoder nos hôtes. Veux-tu rentrer je te prie préparer les draps propre et de l'eau fraîche ?

Le jeune garçon hoche la tête et repart aussi vite qu'il est venu. Les quelques pas vous
séparant du seuil de la demeure se font en silence, sauf si vous le rompez.

[note : comme je poste du travail je n'ai pas l'image de l'enfant sous la main, mais celle-ci arrivera demain ou samedi]

Suivant mes compagnons de voyage, je fronce les sourcils, surpris, en découvrant l'élève de Peire.

- J'espère que notre séjour ici sera plus discret et moins mouvementé que notre arrivée ici. Nous tâcherons de ne pas abuser trop longtemps de votre hospitalité, d'autant plus louable que vous semblez avoir déjà beaucoup... d'invités.

Je jette un bref regard inquiet à l'adresse de Rosalia au moment de prononcer "trop longtemps"... Combien de temps pouvons-nous nous permettre de rester ici avant de reprendre la route ?