3. Une invitée surprise

Mon agacement ne fait qu'empirer alors que je lève les yeux au ciel. J'interviens rapidement pour clarifier la situation, d'un ton sec.

- Mon Prince, il y a méprise. Cette jeune femme nous a été amenée à l'initiative de Fekla. Enfin, d'après la description qu'elle nous en a fait. Elle pourra d'ailleurs nous le confirmer.

Je souris gracieusement au prince dont le compliment me touche certainement plus qu'il ne l'aurait du puis pose mon regard sur l'humaine dont j'avais jusque là feint de ne pas avoir remarqué la présence préférant ne pas me mêler aux histoires incluant soit Fekla soit ce mystérieux ancien qui aurait pris son apparence.
Mais malgré cela je finis par me mêler à leur conversation toujours un grand sourire affiché sur mon visage.

- Je vous remercie mon prince pour votre compliment et j'aurais pu sans mal apprécier le spectacle attendrissant que nous offre cette jeune femme si les circonstances de son arrivée parmi nous n'avaient pas été si singulières.

Victoria a écrit:

Vous devez être le prince ? D'après ce que j'ai compris, c'est donc à vous que reviens la décision de mon triste sort.

- Oui, douce demoiselle, c'est moi-même. Mais ne vous inquiétez pas, je ne suis pas cruel.

Il commence à caresser la main et le poignet du bout des doigts, dans une exquise caresse, mais la remarque de Wiloria, confirmée par Alice, l'arrête net. Soudain, c'est un douloureux étau qui enserre le poignet délicat.

- Quoi ? Mais Fekla était avec moi depuis ce matin ! Hugues et Sapho peuvent le confirmer, nous sommes arrivés ensemble.

Il se tourne vers l'humaine, visiblement en colère.

- Tu mens !

Puis il s'arrête net et lâche le poignet, où s'est inscrit une marque bleue, avec dégoût.

- C'est l'Ancien qui t'a amenée là. Donc Il est là...

Il regarde les arènes avec un regard perçant mais il n'y a bien qu'une Fekla visible : celle-là même qui est à vos côtés.

C'est alors que Jehan intervient.

- Votre Majesté, il semblerait que l'affaire soit trouble. Mais il ne s'agit pas de n'importe quelle femme, il s'agit de la fille unique du comte du Gévaudan. En outre, il semblerait que l'Ancien la protège... Il vous faut statuer sur son sort. Mais il semble bien qu'elle en sait trop. Cependant la mort aurait sans doute des conséquences désastreuses sur un plan politique - tant mortel que caïnite...

Le Prince se tait, réfléchissant.

Me massant mon poignet endolori, je dis au prince :
Effectivement mon père, malgré la taille réduite de son domaine, joui d'une grande influence à l'extérieur de ses terres. Mais je ne vois pas le crime que j'ai pu commettre qui mériterait la mort !!! -A Jehan- Si vous dites çà pour me faire peur, je ne trouve pas çà drôle du tout !!!

Le prince hausse un sourcil et, après avoir examiné Jehan quelques secondes, puis se tourne vers Victoria.

- Comment es-tu arrivée ici ? Fekla est-elle arrivée chez toi pour te prendre la main et t'amener ici, et tu l'auras suivi par amitié pour elle ?

Alors que je me trouvais au Capitole et que je m'apprêtais à suivre Jehan pour venir ici, une personne ressemblant à celle-ci (je désigne Fekla) m'a intercepté pour m'en empêcher. Après moultes palabres, elle m'a accompagné jusqu'en haut des arènes en me tenant la main.

Le prince hausse un sourcil et son ton devient menaçant.

- Pour venir ici ? etiez-vous au courant de cette réunion ? Jehan vous en aurait-il mis au courant ?

L'interpellé commence à ouvrir la bouche mais un regard du prince la lui fait fermer aussitôt. Visiblement, seule la parole de Victoria compte... Ce qui n'empêche pas Fekla de la prendre :

- Moi, je ne la connais pas. C'est pas juste.

Je prends un air important.

Non, Jehan ne m'a rien dit mais son serviteur n'est pas quelqu'un de très discret et est facile à faire parler.

Jehan prend un air contrit.

- Mon frère, cet esprit faible, a encore fait des siennes, je le crains...

Puis il se redresse de toute sa stature.

- Je vous en prie, Prince, laissez-moi réparer mon erreur. Je suis ici le seul qu'elle connaisse, et le seul qui la connaisse. Je suis malheureusement le plus apte, aussi, à assurer sa protection dans les cours humaines. La tuer serait déclencher une guerre. Il faut en faire une des nôtres, à terme. C'est la seule solution.

- Ce soir, tu en feras ta goule. Pour le reste, nous aviserons. Mais sache que je suis très mécontent de toi, Jehan.

Il se tourne vers Eleanor.

- Que la fête commence !

Alors qu'une rumeur de satisfaction parcourt la foule, un "enfin" flottant tacitement, un garde se met à hurler :

- Les garous ! des garous arrivent !

- Je me disais bien que ça puait le chien mouillé...

Mais la parole de Maria est noyé dans le bruit des lames quittant leurs fourreaux. Il n'en faut que de peu pour que la panique submerge les vampires quand la discrète Eclarmonde murmure quelque chose à Lugan, qui crie :

- A vos places !

Sa voix, sa présence sont telles que tous se calment et ne bougent plus, statufiés par l'ordre puissant. Mais les hurlements lupins fait courir une nouvelle vague de stress.

- Du calme ! On ne sait pas ce qu'ils veulent. Rien ne dit qu'ils viennent rompre le traité... Ne leur en donnons pas l'occasion.

- Voilà qui est bien parlé ! N'agiront que ceux qui doivent agir. Le plan est connu d'eux, qu'ils l'appliquent.

De fait, la plupart des primogènes et quelques anciens se retrouvent déjà dispersés dans plusieurs endroits des arènes, sauf Alix et Adilva restées sagement dans la loge, près de Jehan dont la main est posée nonchalament sur le pommeau d'épée.

[Je vous laisse réagir dans vos différents fils avant d'enchainer. Si vous n'avez rien à dire, rpécisez-le ^^]

La main sur la garde de mon épée, je reste auprès du Prince, tel un garde du corps. Tous mes sens sont aux aguets et mes muscles tendus.
Mon troisième oeil se fait alors plus visible que d'ordinaire.

Partagée entre la peur et la curiosité, je reste dans la loge mais m'appuie sur l'un des bords pour voir d'où proviennent les hurlements prête si la situation l'exige à me replier derrière Jehan.

C'est un bien étrange spectacle - et sans doute unique - qui se déroule alors sous vos yeux. Alors que votre sang, déjà froid, se glace dans vos veines, vous entendez les hurlements se rapprocher. Puis, soudain, tout est silence. Serait-ce le calme avant la tempête ?

Vous voyez arriver, par le chemin le plus classique qui soit, une trentaine d'hommes, de femmes, et de loups. Ils arrivent sans réelle ordonnance, mais dans le calme. Se démarque, parmi eux, un magnifique loup blanc, plus grand que la moyenne, a l'air majestueux. Pendant que les autres montent dans les gradins de pierre à l'opposé de là où vous êtes assis, il reste sur le sable, vous fixant d'un regard fier. Auprès de lui reste un clerc, les mains croisées, qui vous observe aussi, mais avec plus de curiosité que de défi.

Après quelques murmures échangés avec le prince, Esclarmonde descend les gradins, accompagnée de Thomas, le primogène Nosferatu. S'ils ont peur, ils ne le montrent pas. Esclarmonde, vous le sentez, déploie tout son potentiel de présence avant d'arriver sur le sable. Une sorte de protection sociale ? Quoiqu'il en soit, elle se dirige vers les deux lupins dans un silence de mort, et s'arrête à distance repectueuse. Un dialogue s'engage entre le clerc et la déléguée caïnite, dont vous n'entendez que de vagues échos. Le loup ne dit rien mais fixe tout le long les deux vampires de son regard froid.

Après un moment qui vous semble une éternité, les deux loups vont vers les gradins, après avoir fait un signe au Prince, dont vous ne savez s'il est vaguement respectueux ou absolument moqueur. Les deux vampires font demi-tour aussi, et Esclarmonde prend la parole d'une voix assurée.

- Les loup-garous ne sont pas venus pour faire la guerre, ils sont venus pour assister au duel qui va avoir lieu. Ils sont prêts à respecter le traité signé si nous le respectons aussi. Ils nous ont informés que, ne nous faisant pas confiance, ils ont laissé d'autres lupins autour des arènes, prêt à venir en renfonrt à la moindre alerte.

Elle lève les bras en signe d'apaisement alors qu'un léger brouhaha s'élève.

- Il n'est pas de raison de s'inquiéter, puisque nous n'allons pas rompre le traité. Donnons leur à voir ce qu'ils sont venus chercher et ils repartiront comme ils sont venus : en paix.

Ce propos apaise la foule qui retourne au calme. Tandis qu'Esclarmonde et Thomas remontent les gradins dans un silence empli de respect, le chambellan dit au prince :

- Je crains qu'il va nous falloir supprimer le Mystère, ils ne seront sans nul doute pas du goût de nos nouveaux invités...

Lugan la regarde avec surprise et sourit.

- Et bien soit ! Passons au duel !

(je vous laisse la journée pour réagir si vous le souhaitez avant d'enchainer sur la narration du duel).

Passionné, Stoïan s'est rapproché aux limites du raisonnable pour écouter la discussion.

Je profite de la situation pour me faire toute petite dans mon coin, je n'oublie pas quand même de laisser une oreille trainer !

Je ne bouge pas, fascinée par ces nouveaux venus et plus particulièrement par le loup blanc que je ne peux m'empêcher de regarder mais me rappelant la discussion avec le sire Dorian au sujet de ces êtres et surtout sa réaction face à mon enthousiasme d'en rencontrer un, je fais attention à ne pas trop montrer mon intérêt pour ce loup.

Malgré les oreilles qui trainent et la passion des gens, rien de nouveau ne se produit sinon l'entrée en scène de trois vampires, dont un vous est inconnu.

Nicolas, le primogène en place, est en effet suivi d'un jeune homme [qui se décrira lui-même].

N'accordant pas un regard pour les loups garous - alors que Rosamund leur adresse un salut bien bas avant de se tourner vers vous avec un sourire narquois - Nicolas s'avance et s'adresse au prince. La structure des arènes, faites pour que le son soit distribué équitablement, et sa voix de stentor, font que vos entendez très bien ses paroles.

- Prince, je te salue.

Il pose alors la main sur le jeune homme et le pousse à s'avancer.

- Tu m'avais donné l'autorisation d'Infanter. Ce duel m'a poussé à réaliser cette action, afin que mon sang coule encore dans des veines après cette nuit. Je te le présente, pour que tu le connaisses, et l'autorises à vivre. Rosamund m'a promis d'être son mentor si je venais à perdre ce duel.

Il murmure quelque chose à l'oreille de son Infant...

Je m'avance, sans hésitation. Puis je m'incline respectueusement:

- Je vous salue, Prince. Je suis Melkan Bortrax de Fleurance. Je vous fais grâce de mon passé, ainsi que de mon histoire, je n'ai qu'un seul but à présent: servir les intérêts communs de notre famille...

Les mots se perdent dans mon esprit, ma bouche se ferme. Je garde pourtant la tête haute, regardant le Prince puis l'assemblée autour. Je me sens à l'aise... mais je doute encore de quelque chose.

- Eh bien soit, lance le prince d'un ton désinvolte. Bienvenue dans notre famille, Melkan le gangrel. Prends donc place parmi nous, afin d'assister au duel qui t'intéresse autant, sinon plus, qu'à nous, jeune vampire.

Une fois que le gangrel s'est installé - après avoir été embrassé par son Sire - les deux anciens de ce clan se font face et, sans que rien n'ait été dit, tout le monde comprend que le duel a commencé.

Les deux se regardent en chien de faïence, alors que Nicolas retire sa lourde cape d'un bleu sombre qui tombe dans la poussière. Insensiblement, les corps des deux ennemis semblent changer : les muscles se tendent et de longues griffes poussent au bout de leur doigt - celles de Rosamund sont deux fois plus longues que celles de Nicolas, ce qui n'échappe à personne.

Ils se murmurent quelques grognements - souhaitant sans doute n'être compris de nul autre que d'eux puis, soudain, Nicolas s'élance. Dans un mouvement d'une fluidité parfaite, il fait un bond vers son ennemie qui lève son bras et le fait tomber sur le dos. Son geste à elle est extrêmement rapide (l'avez-vous vraiment vu ?) et d'une force implacable. Il chute lourdement dans un "crac" sonore. Il crache un peu de sang tandis que Rosamund le laisse se relever, bonne joueuse.

Dès ce moment, s'il pouvait persister un doute sur l'issu du duel, celui-ci s'éteint. La question est : fera-t-elle ça proprement ?

Nicolas, une fois relevé, grogne une nouvelle fois. Il n'a visiblement rien perdu de sa hargne, bien au contraire.

Le temps qu’il essuie le sang de ses lèvres et c’est elle qui court sur lui… en vain. Il disparait de la vue de tous, absorbé par la terre, ce qui semble faire rire Rosamund qui se retourne, prête à parer une attaque dans son dos. Mais c’est exactement au même endroit que ressort Nicolas qui lui plante les griffes sans ses côtes tandis qu’elle hurle de rage.

Elle tente un coup de tête en arrière pour le faire lâcher prise mais, malgré le bruit sinistre du choc brutal, il maintient sa prise et lui retient le bras pour la renforcer encore… Rosamund semble prise au piège, serrée dans l’étau de Nicolas ; son manque d’espace qui l’empêche de faire des mouvements rend sa force inutile. Cependant, lui, les deux bras pris, ne semble pas pouvoir faire grand-chose… Il enfonce ses crocs dans le coup de Rosamund qui hurle de rage une nouvelle fois… La voilà qui peu à peu semble devenir diaphane, ses formes devenant de plus en plus floues jusqu’à n’être plus qu’un léger nuage de brume s’esquivant de l’étreinte mortelle…

Nicolas se redresse, en position défensive. Mais on peut lire dans son regard qu’il sent la mort proche.

Rosamund reprend sa forme normale et, cette fois, s’adresse en langage humain.

- Tu es moins faible que je ne croyais. Je t’ai sous-estimé. Pardonne-moi mon erreur.

- Ce sera un honneur de mourir de ta main.

Mais déjà Rosamund se transforme. Est-ce ainsi que font les lupins ? Qui saurait-le dire ? Et pourtant c’est bien en femme-loup qu’elle se transforme. Ses muscles s’étirent et s’épaississent, transformant sa stature qui atteint les 2 m 50. Sa peau se couvre d’une fourrure telle qu’il devient difficile de différencier la fourrure « naturelle » des peaux dont se vêt la Gangrel. Son visage lui-même change de forme, ses yeux, déjà jaunes, prennent une forme lupine tandis que sa bouche se transforme en demi-gueule aux dents acérées. Qui reconnaîtrait dans ce monstre magnifique la femme qui lisait un livre dans le salon de l’aile des invités de l’Elysium, il y a à peine quatre nuits ?

Nicolas sait que sa fin est proche. Ce qui suit va trop vite pour que personne ne puisse jamais dire s’il tente d’esquiver, de parer, ou de sauver sa vie d’une quelconque manière. Tout ce que les personnes présentent voient – ou croient voir – c’est Rosmaund, s’avançant vers son ennemi dans un bond parfait.

Alors qu’elle atterrit derrière lui, il y a un moment de flottement. L’a-t-elle touché ? Pourquoi cette action inutile ? L’assistance s’agite sur les gradins de pierre. Pourquoi Nicolas ne réagit-il pas ? Mais voilà ses genoux qui fléchissent et du sang qui tombe sur le sable de l’arène. Voilà ses mains qui rejoignent la poussière et voilà le cri de l’animal mortellement touché. Tout n’est pas achevé mais voilà les dernières lignes de la vie de Nicolas qui s’écrivent sous nos yeux.

Rosamund, à pas lents, s’approche de celui qui est mortellement blessé. Dans la foule, un murmure passe : pourquoi ne se régénère-t-il pas ? Et comme le vent qui parle au vent, un autre murmure passe : Il sait que cela sera inutile.

Rosamund murmure à l’oreille de Nicolas qui hoche la tête. Rosamund saisit la tête de Nicolas pour l’aider à se redresser. Leurs regards plongent l’un dans l’autre. Que se disent-ils dans ce regard muet ? Il n’y a pas de haine, mais du respect. Presque de l’amour, de l’empathie. Puis Rosamund enfonce ses griffes dans la gorge de Nicolas. On peut voir le sang couler le long de la fourrure du bras tandis que Nicolas pousse un dernier gargouillis. Puis ses yeux se ferment, déjà sa peau se flétrit. Rosamund observe cette putréfaction accélérée qui se passe au bout de son bras sans que son visage ne trahisse aucune émotion. Pourtant Nicolas vieillit, se flétrit, s’assèche et enfin devient poussière retournant à la poussière. Les cendres tombent lentement au sol dans un silence de mort tandis que Rosamund reprend sa forme humaine.

Elle fait alors face au Prince.

- Nicolas était primogène gangrel, mais il était plus faible que moi, bien qu’il n’ait pas manqué de courage ni de force au combat. Que son âme repose en paix, si elle le peut, dans le royaume des morts : je prends désormais sa place dans le royaume des vivants et des non-morts. La loi Gangrel veut que je devienne Primogène à sa place, jusqu’à ce qu’un plus fort que moi vienne me rappeler quelle est ma place. Remets-tu cela en cause, Prince ?

Le prince se lève, tandis que tous les regards se tournent vers lui. Le moment est important pour le comté de Tolosa.

- Rosamund, j’ai vu par mes yeux que tu es la plus forte des gangrels de Tolosa. Tu as donc le droit, et le devoir, de siéger à la table des primogènes, de m’apporter conseil et protection armée face à mes ennemis. En échange, je veillerai sur toi et t’apporterait mon aide face à tes ennemis.

Suite à ces propos, Rosamund monte les marches qui mènent à la loge princière. Là, elle pose un genou à terre devant lui et tend ses mains posées paume contre paume. Le prince les prend dans les siennes.

- Alors acceptez-moi comme votre vassale, et je vous jurerai fidélité, ô mon Prince. Vous seul dans le comté j’accepterai comme supérieur, pour le bien du comté et de la ville que j’ai fondée, car c’est eux que je sers en premier.

Il y a un temps mort. Visiblement, la dernière phrase déroge aux serments rituels. Cependant le prince enchaîne :

- Alors je ferai en sorte de mériter ta fidélité, brave et forte Rosamund. Relève-toi, vassale.

Le gangrel se relève et accepte la bise de son Suzerain sous les hourras des vampires présents.

En face, les lupins ne manifestent ni joie ni regret.

Alors que le duel commence, je m'efforce de considérer cela comme un moment divertissant puisque d'après le sire Jehan il y avait peu de chance que cela finisse en mise à mort.
Je ne peux m'empêcher d'envier un instant la force de Rosamund, mais plus les attaques s'enchainent plus je sens que l'issue de ce combat ne sera pas de mon gout, je continue pourtant de regarder jusqu'à la fin. Voilà maintenant que Rosamund enfonce ses griffes dans la gorge de l'ancien primogène et met fin à la non vie du gangrel, je me retiens de détourner le regard ne voulant pas faire preuve de lâcheté et affiche délibérément tout le mécontentement et la tristesse que je ressens sur mon visage.
Je ne pose pas mon regard vers Rosamund alors qu'elle franchit le seuil de la loge princière.

Alors que les hourras résonnent fortement dans l'arène, les deux mêmes lupins qui avaient parlementé avec Esclarmonde s'avancent de nouveau, cette fois plus près des vampires pour être entendus du prince et de Rosamund. Très vite le silence se fait de nouveau. Rosamund porte alors sa main dans une de ses fourrures et en sort un collier aux dents d'une taille impressionnante, renvoyant vos canines acérées au rang de dents de lait.

Elle lance ce collier que l'humanoïde rattrape au vol puis observe d'un air dégoûté.

- Voici les os de quelques uns de vos ancètres. Je vous le rends car je me suis promis de ne pas l'étoffer davantage. Je sais ce que vous allez me demander et voici ma réponse : je respecterai le traité.

Alors que le loup grogne, l'homme demande :

- Toutes les parties du traité ?

- Toutes, répond-elle gravement.

- Si tu mens, Rosamund, nous mettrons ta ville à feu et à sang, et n'épargnerons personne, pas même vos nouveaux-nés, ni vos serviteurs. Et ne crois pas qu'il soit possible de nous berner sur aucun point.

- Je le sais.

- Bien. Alors tout est dit. Puisse le Ver te pourrir encore longtemps, au nom du traité que nous avons fondé.

Il a un sourire mauvais en disant cela puis il se retourne et commence à faire demi-tour quand il s'aperçoit que le loup ne le suit pas. Il s'arrête, attendant. Rosamund et le loup blanc se fixent quelques instants, puis Rosamund pousse un grognement sonore, venu du plus profond d'elle-même. Ce n'est qu'alors que le loup fait demi-tour, suivant son acolyte, visiblement fier. Déjà sur les gradins en face les lupins se lèvent et commencent à quitter les arènes. En quelques minutes ils ont vidé les lieux.

Dans les faits, plus rien ne vous retient non plus ici...

Je me remémore le duel, sa violence et la rapidité à laquelle il s'est déroulé. Ainsi, j'ai une nouvelle maîtresse. Cette nouvelle ne me fait ni chaud ni froid. Je m'approche de Rosamund, lentement mais surement.

- Joli combat. Donc vous êtes ma nouvelle maîtresse...hum...cela implique-t-il des conditions différentes par rapport à mon ancien maître ? Enfin je veux dire...

Je me mélange les pinceaux, sans doute suis-je intimidé par sa présence. Je dois corriger le tir...je me racle la gorge et reprend confiance en moi.

- Je veux dire: qu'attendez-vous de moi ?

Elle plonge son regard dans le tien et pose une main sur ton épaule.

- Que tu ne me craignes pas, ni que tu ne me haïsses. Pour le reste, on verra plus tard.

Elle se penche à ton oreille pour te murmurer quelques mots.