La Reconquista espagnole en 999Définition : Au VIIIe siècle, presque toute la péninsule Ibérique est musulmane. Seuls quelques petits royaumes catholiques* subsistent dans le nord : Asturies, Castille, León, Navarre, Aragon, Catalogne. Au nom de la foi chrétienne, ces petits États entreprennent la reconquête du territoire : c’est la Reconquista.
Rappel : De l'Hiberia à l'Al-AndalousDepuis le Vème siècle, la péninsule ibérique est occupée par les Wisigoths, peuple germanique qui, au service de l’empereur Honorius, a chassé du territoire les Vandales, les Alains et les Suèves (412). Le centre de leur royaume reste toutefois l’Aquitaine, jusqu’à ce que Clovis parvienne à les chasser en 507. Les Wisigoths se replient alors en Espagne et installent leur capitale à Tolède en 554. Mais après avoir unifié le royaume et instauré le catholicisme, les Wisigoths connaissent des crises successorales et un certain déclin économique qui aboutissent à l’invasion musulmane.
En 711, le lieutenant berbère Tarik (ou Tariq) franchit le détroit de Gilbraltar (de l'arabe Jabal Tariq (جبل طارق), « le mont de Tariq »), avec ses troupes et inflige une cuisante défaite au dernier roi wisigoth, Roderic (Rodrigure en français). Les musulmans mettent 5 ans pour conquérir toute la péninsule, à l’exception des régions montagneuses du Nord (monts Cantabriques et Pyrénées occidentales). Cette conquète est la poursuite de leur avancée sur tout le Maghreb.
Réduits au statut de dhimmi, les chrétiens, comme les juifs, sont considérés comme « peuple du Livre » et bénéficient d'un statut particulier, qui leur laisse la liberté religieuse mais leur impose un régime fiscal spécifique et introduit un certain nombre de discriminations en faveur des « vrais croyants » musulmans. Jusqu'au Xe siècle, la population d'Al Andalus, c'est-à-dire l'ensemble des régions de la péninsule contrôlées par les musulmans – et non la seule « Andalousie » actuelle – demeurera majoritairement chrétienne. Ces fidèles sont dits mustarib, « mozarabes » dans la mesure où ils ont adopté la langue arabe et certains traits de l'art de vivre musulman. Mais la cohabitation des deux communautés se révèle aussi conflictuelle et les chrétiens réagissent par le martyre, l'insurrection ou l'exil à la domination qu'ils sont contraints de subir.
Arrêt de la conquête, début de la reconquête.Arrêtée à Poitiers par Charles Martel, refoulée de Septimanie – notre actuel Languedoc – par Pépin le Bref, la vague musulmane reflue avant la fin du VIIIe siècle au-delà des Pyrénées, et la pression des Carolingiens aboutit même, après la prise de Barcelone en 801, à la formation de la marche d'Espagne d'où naîtra la Catalogne.
Si l'on excepte les réduits montagneux des régions basque et cantabrique, les musulmans s'installent solidement dans le reste de la péninsule. Dès 756, l'Ommeyade Abd al-Rahman se fait proclamer émir à Cordoue et fonde un État puissant qui impose son autorité sur l'ensemble d'Al Andalus… En 929, Abd al-Rahman III, proclamé « Commandeur des croyants », fonde le califat qui peut rivaliser – tout au long du Xe siècle, soit à l'apogée de la civilisation ibéro-musulmane – avec Bagdad et Byzance, au moment où les capitales carolingiennes apparaissent bien modestes. À la fin du siècle, les campagnes menées par le vizir Al-Mansur contre les petits royaumes chrétiens du Nord se soldent par des succès spectaculaires.
Cependant, quelques années seulement après la conquête, les populations du Nord montagneux de la péninsule, peut-être rejointes par une partie de l'aristocratie wisigothique demeurée fidèle à Rodéric, ont entamé la lutte contre les envahisseurs. Dès 722, les musulmans ont subi à Covadonga leur première défaite, événement fondateur de ce qui sera perçu ultérieurement comme la reconquête chrétienne de l'Espagne.
C'est après cette victoire que se situe l'attaque de Charlemagne qui a établi la Marche d'Espagne (Catalogne) qui représentait un glacis territorial entre les Pyrénées et l'Ebre. C'est pendant cette guerre (785-811) que se situe l'épisode légendaire de Roncevaux, au cours duquel l'arrière-garde de l'armée de Charlemagne fut attaquée et Roland tué.
Le royaume des Asturies qui se constitue alors paraît pourtant bien modeste et n'inquiète guère les émirs de Cordoue. Ses souverains, finalement installés à Oviedo, établissent d'abord un solide réduit défensif au nord du bassin du Duero. Dès le IXe siècle, les chrétiens remportent cependant des succès significatifs et l'apparition de saint Jacques lors du combat de Clavijo livré en 859 place la Reconquête sous le signe du Santiago Matamoros, le « tueur de Maures » ; le tombeau de l'apôtre, bientôt découvert à Compostelle, attire vers le Finistère galicien des dizaines de milliers de pèlerins qui popularisent dans tout l'Occident la lutte livrée en Espagne contre l'Infidèle.
Désormais les chrétiens sont sortis des montagnes. Le gendre de Pélage, Alphonse, a conquis une grande partie de la Galice et du León. Sous le règne d’Alphonse III (866-910), les frontières du royaume des Asturies sont poussées jusqu’au fleuve du Douro, tandis que la capitale, jusque-là située à Oviedo, est installée à León. À sa mort, ses fils se partageront les terres.
En 997, Al Mansour détruit Saint-Jacques de Compostelle, un symbole de la résistance chrétienne. Il s'agit d'un véritable défi religieux et la religion chrétienne occupe une place considérable dans le mouvement de reconquête chrétienne qui s'accélère au XIème siècle. Le fleuve Douro sert un temps de frontière entre les deux civilisations et se hérisse de forteresses.
Le renouveau des États de la Marche d'Espagne (copié collé de Wikipedia)
En 978, Almanzor devient le hâdjib du nouveau calife de Cordoue, Hisham II, et prend ainsi la réalité du pouvoir. Contrairement à ses prédécesseurs, il brille par sa violence et son intolérance religieuse. De nombreux juifs et mozarabes se réfugient dans les États de la marche espagnole. Leurs connaissances enrichissent celles qui sont conservées dans les monastères catalans (l'ancien royaume wisigoth, avec Byzance, était le conservatoire des connaissances de l'Empire romain).
En 985, Almanzor attaque et pille Barcelone, emmenant avec lui de nombreux esclaves. Le comte Borell II sollicite l'aide de son suzerain Hugues Capet. Sans réponse de ce dernier, le comte prend une indépendance de fait. Paradoxalement, cet événement marque le début d'une phase de développement de la Catalogne qui entraîne les autres États de la marche espagnole. Borell sécurise le territoire, même si dans un premier temps, il doit négocier : de nombreux Catalans louent leurs services comme mercenaires du calife. Revenus en Catalogne, ils utilisent les techniques agricoles connues dans le califat de Cordoue et injectent leur solde dans l'économie. Ils construisent des moulins, irriguent la terre. Les échanges commerciaux avec le califat augmentent rapidement. Il en résulte une poussée démographique et technique dès la fin du Xe siècle. La poussée monastique et le développement du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle permettent la transmission de cette évolution technique aux autres États de la marche espagnole, puis au reste de l'Europe. En effet, au cours des Xe et XIe siècles, le culte de saint Jacques commence à se répandre et les rois de Navarre et de León améliorent les routes et construisent des ponts afin de faciliter les pèlerinages. Dans le même temps, l'essor monastique particulièrement important sur la route du pèlerinage permet de fixer sur papier les connaissances et les transmettre au reste de l'Ordre de Cluny. Les écrits ne sont pas tous religieux, beaucoup traitent de techniques agricoles. Le large recours aux moines convers contribue à diffuser ces techniques dans les villages voisins puis à l'Europe entière.
La culture n'est pas en reste : à partir du Xe siècle, Gerbert d'Aurillac (futur pape Sylvestre II) complète son éducation (particulièrement en mathématiques et en philosophie) dans les monastères catalans de Vic et Ripoll, preuve que les échanges culturels sont déjà importants dans la péninsule Ibérique et que les auteurs antiques n'y sont pas inconnus. Il commence à introduire en Occident la philosophie d'Aristote, ainsi que des éléments du savoir musulman dans l'astronomie, les mathématiques, l'algèbre et la médecine. Cette introduction se poursuivra au début du XIIe siècle dans des centres situés à Tolède et dans plusieurs villes d'Italie.
Ce sont donc des États riches, structurés et détenteurs d'une technologie aussi avancée que celle du califat de Cordoue qui vont mener la Reconquista. L'intolérance religieuse et la violence d'Almanzor a laissé des traces : les États espagnols bénéficient du soutien de la population dans les territoires repris.
Sources :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Reconquistahttp://classes.bnf.fr/idrisi/monde/reconq.htmhttp://www.linternaute.com/histoire/motcle/1052/a/1/1/reconquista.shtmlhttp://musique09.free.fr/histoire/histoire-reconquista.htmhttp://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/la_reconquista_dans_l_histoire_iberique.asphttp://www.cosmovisions.com/ChronoEspagneReconquista.htm