L'abbayeSituée à une demi-journée de cheval au nord de Toulouse, Saint-Pierre de Moissac est une abbaye reconnue dans toute la région. On prétend que Clovis lui-même l'aurait fondée après une victoire remarquable contre les Wisigoths. L'histoire de Moissac est d'ailleurs marquée par de nombreuses invasions, les Arabes d'Al-Andalus au VIIIème siècle, les pirates normands au XIème, et même des Hongrois au Xème...
Depuis une dizaine d'années, la cinquantaine de moines vit sous la férule d'Etienne d'Albi, un homme ambitieux et charismatique, qui doit probablement son poste au soutien de Gaubert de Moissac, un seigneur fort intéressé par les richesses du monastère et soucieux d'avoir l'abbé sous sa coupe.
A l'heure actuelle, la règle de Saint-Benoît n'est plus guère appliquée à l'abbaye, et les moines se déchargent de plus en plus des travaux manuels sur les frères convers et les serfs. Mais surtout, certains prétendent que l'abbaye a accueilli récemment des frères aux croyances curieuses...
Est-ce pour cela qu'on a retrouvé dans les bibliothèques d'autres monastères des textes moissagais aux accents étranges, évoquant le monde comme fruit de deux principes égaux en puissance, l'un bon et l'autre mauvais ? Rome s'interroge et il ne serait guère surprenant que l'abbaye soit rapidement reprise en main.
Le scriptoriumLa vie de Saint-Pierre de Moissac s'articule autour de trois points principaux : l'église où s'égrènent les offices, le réfectoire où se prennent les repas, et le scriptorium où les moines passent de nombreuses heures à copier les manuscrits. En effet, l'abbaye se targue d'une bibliothèque fournie, avec près d'une centaine de manuscrits regroupés dans l'armarium, un trésor de connaissances mis sous clé et jalousement surveillé par les frères.
Régulièrement, l'abbé envoie un frère dans une abbaye amie pour emprunter un ouvrage, qu'il s'agisse de Limoges - avec ses précieux livres venus de Tours - ou Ripoll - un monastère d'importance en Catalogne. Dès que le texte arrive, le monastère bruisse d'activité et le scriptorium s'emplit d'une vingtaine de frères. Dans la salle aux vastes voûtes et à l'éclairage généreux, chacun dispose de son écritoire, avec ses parchemins et ses encres, et attend de se voir assigné la tâche de recopier, et d'embellir, certaines pages de l'ouvrage prêté.
Un travail long et difficile : un seul livre peut prendre plusieurs années à être copié de la sorte, page après page !
Sources